Ils ont mûri, c'est incontestable. Di Caprio, Nolan, et le cinéma lui-même. Jusqu'ici seul le théâtre se permettait de jouer avec ce qu'il est lui-même (jeu immatériel d'acteurs physiquements présents).
Maintenant le cinéma se permet aussi de s'amuser de sa propre condition, celle d'une illusion où tout est faux mais à laquelle on croit, comme dans un rêve.
C'est cette mise en abîme qu'Inception propose. Emboîtements de rêves les uns dans les autres, rêves de personnages imaginaires et qui pourtant nous semblent bien réels, rêves de rêves...
Au cinéma, comme dans un rêve, les situations commencent sans qu'on se rappelle comment elles ont commencé. Deux personnes parlent à une table, à la terrasse d'un café, on y croit, et pourtant on ne saurait dire comment elles se sont installées ; on ne l'a pas vu. Trucages, hors champs, météo, tout est faux, ou bizarre, comme dans un rêve... Et pourtant, comme dans un rêve, on désire y croire.
Inception, c'est d'abord cette formidable projection de l'imaginaire. C'est aussi un thriller haletant parfaitement maîtrisé, une histoire d'amour sublime, une musqiue de Zimmer plus qu'angoissante (et certes un peu lourde aussi), des images de synthèse à couper le souffle, un scénario incroyable... auquel on se laisse prendre avec un plaisir immense.
Inception, c'est aussi une réflexion sur le subconscient et le souvenir, comme le Solaris de Stanislas Lem, déjà adapté piteusement par Steven Sodenberg et génialement par Andreï Tarkovski. Si, si, cette histoire de personnes qui aparaissent et ne sont en fait que des images de l'inconscient de leur proches. Nolan garde l'humanité de Tarkovski et transcende la science-fiction de Sodenberg... C'est déjà pas mal!
A voir, bien sûr, tout de suite et plusieurs fois !